Vape et sevrage : pourquoi la cigarette électronique ne doit pas remplacer l’arrêt du tabac

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crédit : Freepik

La cigarette électronique s’est imposée ces dernières années comme une solution de remplacement au tabac traditionnel. Présentée comme moins nocive que la cigarette classique, elle est souvent perçue comme une alternative « saine » ou un substitut durable à la consommation de tabac. Pourtant, cette perception est non seulement trompeuse, mais elle peut aussi nuire aux véritables efforts de sevrage tabagique. Car vaper n’est pas arrêter de fumer, et la dépendance à la nicotine reste bien présente dans la plupart des cas.

Une dépendance qui change de forme mais pas de fond

La nicotine est le principal moteur de la dépendance au tabac. C’est elle qui crée le besoin, l’automatisme, et le lien de dépendance physique et psychologique. La majorité des e-liquides utilisés dans les cigarettes électroniques en contiennent encore, parfois à des doses élevées. La gestuelle, le réflexe de « tirer une bouffée », le soulagement perçu face au stress ou à la nervosité : tout dans la vape reproduit les codes du tabac.

Se tourner vers la cigarette électronique sans plan de réduction de la nicotine, ni objectif d’arrêt progressif, ni même le souci de choisir une bonne vapoteuse adaptée, revient à entretenir la dépendance. Elle est simplement déplacée d’un produit à un autre, souvent avec l’illusion d’un sevrage réussi. C’est là que réside le piège. Beaucoup d’usagers finissent par prolonger leur usage de la vape pendant des mois, voire des années, sans jamais sortir du cycle de l’addiction.

Une confusion entretenue par le marketing et les discours rassurants

La popularité croissante de la cigarette électronique repose aussi sur un discours ambiant rassurant, voire minimisant. Le fait qu’elle ne contienne pas de goudrons, pas de monoxyde de carbone, ni les milliers de substances toxiques issues de la combustion, donne l’impression d’un produit inoffensif. Or, les études montrent que l’inhalation de vapeur aromatisée et de solvants comme le propylène glycol ou la glycérine végétale n’est pas exempte de risques, surtout à long terme.

Certains professionnels de santé, tout en reconnaissant que la vape peut jouer un rôle ponctuel dans le parcours de sevrage tabagique, insistent sur une condition essentielle : elle ne doit pas devenir une solution de substitution définitive. Ce glissement est malheureusement fréquent, notamment chez les jeunes adultes qui n’ont parfois jamais fumé auparavant et se retrouvent piégés dans une nouvelle dépendance à la nicotine via la vape.

Un outil transitoire, pas une finalité

La cigarette électronique peut, dans certains cas, être utilisée comme un outil temporaire pour faciliter la sortie du tabac. Elle peut offrir une transition moins brutale, en réduisant la charge toxique liée à la combustion du tabac. Mais cette utilisation doit s’inscrire dans un cadre précis, avec un objectif clair : celui d’arrêter totalement la consommation de nicotine.

Cela implique un suivi médical ou thérapeutique, une stratégie de réduction progressive des doses de nicotine, et une volonté affichée d’en finir avec toutes formes de dépendance. Sans ce cadre, la vape devient une béquille permanente, qui maintient la personne dans un état de semi-sevrage sans jamais atteindre l’abstinence réelle.

Le sevrage tabagique est un processus global, qui engage à la fois le corps, les habitudes, le mental et l’environnement du fumeur. Il nécessite souvent un accompagnement, des ajustements et des rechutes possibles, mais il vise toujours un objectif final clair : vivre sans nicotine, sans substitut, sans dépendance.

Des habitudes qui s’installent… et qui peuvent durer

Un des dangers sous-estimés de la cigarette électronique, c’est sa capacité à s’inscrire dans le quotidien sans être perçue comme problématique. Contrairement à la cigarette classique, qui laisse une odeur, une gêne ou des restrictions sociales, la vape peut s’utiliser partout ou presque, de manière discrète et fréquente.

Ce caractère « pratique » renforce l’ancrage de l’habitude. Certains utilisateurs vapotent même davantage qu’ils ne fumaient auparavant. Le geste devient continu, compulsif, sans véritable conscience de la consommation. Le risque, c’est que la cigarette électronique se banalise au point d’éclipser totalement la volonté d’arrêt.

C’est précisément ce glissement qu’il faut éviter. La vape ne doit pas être une nouvelle façon de vivre avec la nicotine, mais un tremplin encadré pour s’en détacher.

Replacer la vape dans une logique de sevrage

La responsabilité incombe aussi aux professionnels de santé, aux institutions et aux médias : il faut cesser de présenter la cigarette électronique comme une alternative au tabac, et la repositionner clairement comme un outil d’accompagnement transitoire, limité dans le temps, encadré et dirigé vers un sevrage complet.

L’arrêt du tabac reste un objectif atteignable, mais il ne doit pas être confondu avec une simple transformation du mode de consommation. Vivre sans fumer, ce n’est pas vaper. C’est sortir du rapport de dépendance, retrouver son souffle, son autonomie, et sa liberté.